• Le livre d’Hénoch raconte « comment l’ange Azazel apprit aux hommes à fabriquer les épées et les glaives, le bouclier et la cuirasse de poitrine : il leur montra les métaux et l’art de les travailler et les bracelets et les parures et l’art de se peindre le tour des yeux à l’antimoine, et le fard pour embellir les paupières, et les pierres les plus belles et les plus précieuses, et toutes les teintures de couleur, et le monde en fut changé. »
Le paradoxe du matériau, Sophie Hanagarth le travaille sans cesse. Fascinée par le mouvement aléatoire, elle a choisi de sculpter le fer, les semences, le métal lamellaire des conserves, le feston des capsules de bouteille pour faire naître des parures de corps violentes et douces, ondulatoires, et incertaines.
Tour à tour cuirasse, armure, coque, ou cage, ses bijoux prolongent le corps, organes surnuméraires destinés à exhiber la fécondité, à protéger ou à dessiner le tremblement du désir à l’endroit même des lieux du corps les plus fragiles et les plus exposés.
Ainsi, elle retourne l’intérieur de la chair à l’extérieur ou met en valeur ce qui, pudiquement, se cache ; l’utérus ou le sexe ainsi dévoilés avouent un sens nouveau qui les rend à la fois magiques et religieux, réconfortants et sublimes.
Les grelots, pompons, larmes ou grenades, jadis cousus aux vêtements deviennent ex-voto, relique, gri-gri ou sarcophage emprisonnant des fragments du corps tout en les exhibant comme un Saint-Sacrement.
En ayant perdu par la transmutation du métal leur relation à la souillure, au sang et au sperme, ces parures prolongent le corps et le divinisent, ornements dérisoires d’une enveloppe charnelle exhaussée au rang de corps glorieux.
• The book of Enoch relates how the angel Azazel taught men how to make swords, the shield and breastplate: he showed them the metals and the art of working them and of making bracelets and ornaments, the way to outline the eyes with antimony and embellish eyelids with shadow, and the most beautiful and precious stones, and all the colour dyes, and the world was transformed.
Sophie Hanagarth unceasingly explores the paradoxes of the material. Fascinated by fleeting, unpredictable movements, she has elected to formed steel, the tacks, laminated metal strips tins, scalloped bottle caps, in order to create soft yet violent bodily adornments, undulating and uncertain. In turn breastplate, armour, shell or cage, her jewels extend and prolong the body, supernumerary organs designated to exhibit fertility, to protect or display the quiver of desire at the very spot of the most fragile and exposed parts of the body.
In this way, she brings to light the innermost secrets of the flesh or displays what is modestly hidden from view: the uterus or genitals thus unveiled reveal a new significance which makes them both magical and religious, comforting and sublime.
The bells, pompoms, tears or grenades sewn onto costumes in days gone by become votive offering, relics, gris-gris or sarcophagi, imprisoning parts of the body while simultaneously exhibiting them like a Blessed Sacrament. Having lost through the transmutation of metal their relationship with blemishes, blood and sperm, these ornaments prolong and deify the body, incongruous embellishments of a carnal envelope exhausted to the rank of glorious body.